Affiche ton DAB

Après avoir imposé la délation de personnes en situation irrégulière à nombres d’administrations et organismes publics, le régime sarkoziste a sans cesse gagné de nouveaux collaborateurs volontaires parmi les grandes entreprises du secteur privé.
En 2008 déjà, des grandes surfaces et la FNAC ont participé activement à la dénonciation de sans papiers voulant se faire établir des cartes de fidélité. L’année suivante, une société de l’ami de ton président (et parrain de son fils) a demandé à ses vendeurs Bouygues-Télécom de « suspendre immédiatement la ligne téléphonique de toute personne découverte en situation irrégulière et « le cas échéant » d’alerter la police ! «
À partir de l’été 2009, de grandes enseignes bancaires ont commencé à collaborer à des interpellations déloyales :
« C’est LCL (ex Crédit Lyonnais) qui a monté un vrai guet-apens pour attraper et livrer un sans papiers. Sous prétexte de renouvellement de sa carte de crédit, l’ agence LCL à Aulnay-sous-Bois a convoqué un malien sans papiers et l’a livré à la police des frontières (août 2009). »
« La Société Générale a dénoncé un Mauritanien sans papiers venu retirer de l’argent à Boulogne (Hauts-de-Seine). Le guichetier a téléphoné à la police quand il a eu sa carte de séjour et a bloqué la porte de sortie.(octobre 2009). »
La Poste (encore un peu publique) a aussi servi à remplir les centres de rétentions. D’autres s’y sont préparées en envoyant à leurs clients des lettres qui stipulaient de transmettre rapidement un justificatif d’identité et de domicile ainsi qu’un coupon-réponse dûment complété. « À quand une livraison massive par le Crédit Agricole qui a bien organisé toutes ses fiches ? » …
Devant l’emballement de la machine à expulser et en réaction à cette montée de zèle dans le secteur bancaire, des dizaines de Distributeurs Automatiques de Billets (DAB) de ces grandes enseignes ont connu début 2010 une belle campagne de sabotage. Tout en désignant les DAB des firmes collabos à leurs clients respectifs, ces actions ont adressé un avertissement symbolique aux entreprises qui voudraient encore s’attirer les faveurs du pouvoir politique en suivant cette voie.
Rapidement, on s’est pourtant empressé de nous apprendre que les DAB avaient été « dévalisés » (selon le Figaro) ou « braqués au nom des sans-papiers » (version JDD) à l’aide de procédés étonnants comme « la colle, l’acide » ou encore « en approchant des poubelles enflammées ».
Bien sûr, votre bon sens en action vous a sûrement alerté sur le choix des verbes utilisés par ces journaux. Il est tout à fait évident qu’on ne « force » pas un DAB à la colle ni à l’acide ni à la poubelle en feu, qu’aucun argent n’a été déclaré volé, que ces dégradations n’ont jamais eu pour but de mettre la main sur un quelconque butin. Mais l’occasion était trop belle et le dérapage sémantique trop tentant : la « presse d’assaut » se devait de donner la charge.
Fin janvier, « La section antiterroriste (SAT) de la Brigade criminelle a été saisie d’une enquête préliminaire portant sur une quarantaine de dégradations de DAB à Paris attribuées (par des sources policières) à des militants de l’ultra gauche ». Cette dernière est devenue en quelques mois la figure de style préférée des médias lorsqu’ils ont voulu désigner (sur conseils de sources proches des enquêtes) une pseudo menace fourre-tout surgissant du dedans de nos frontières. Maintenue au top des infos anxiogènes pour citoyens loyalistes au régime, elle a été présentée comme un redoutable ennemi interne à la nation, déterminée, arrogante, fort peu sympathique de surcroit, mais est restée facilement identifiable grâce à sa forme caractéristique de nébuleuse fumigène et imprévisible.
Dans le cadre de cette enquête, le 15 février ont eu lieu des arrestations et perquisitions rocambolesques, notamment parmi des militants de Réseau Éducation Sans Frontières (que l’UMP traitait déjà de « mouvement quasi terroriste » en 2008). Sept personnes ont été placées en garde à vue, trois ont été libérées sans aucune charge retenue. Pour les autres, qui ont aussi fait l’objet de moyens d’investigations d’exception utilisés par les brigades antiterroristes, les faits ont finalement été déqualifiés mais ils sont toujours poursuivis pour des « dégradations de droit commun ».
Si toi aussi, tu veux afficher des dizaines de distributeurs de la honte, qu’en revanche tu ne veux pas qu’ils s’ouvrent accidentellement en y approchant une « poubelle en feu » et que tu ne préférerais pas te retrouver nu, accroupi en train de tousser sous les flashs des forces de l’Ordre, voilà une idée de petit message à imprimer sur feuille A4, puis à scotcher délicatement (sans faire une seule rayure) quelque part en évidence sur un DAB ou sur une porte d’agence de l’enseigne de ton choix, le tout sous les regards de caméras de « vidéo-bien-être ».
(Paru dans la Gazette des Insoumis n°4)
Ah ouais c’est sûr, avec une action de ce type les banquiers vont trembler et le public s’indigner de leurs pratiques….
Avec cet appel, vous participez à la stratégie de terreur répressive du pouvoir et vous ferrez sans doute sourire quelques cadres du secteur bancaire….
OK PAQMAN ! REÇU !
Je comprends parfaitement ta position …
Certes le type d’action évoqué n’a pas la même envergure ni le caractère radicalement informatif de la bien belle campagne de sabotage qu’on subit les DAB de France. Cet article étant destiné à la gazette, je ne comptais pas terroriser le militant et faire sourire le banquier, mais plutôt avertir et sensibiliser des lecteurs qui sont parfois très loin de ta dimension militante. Tu comprendras (ou pas?) que je ne peux me servir de ce site et de la gazette pour lancer un appel à détruire les DAB-collabos, que ça me démange ou pas. En revanche les commentaires sont là pour ça, et si comme toi d’autres internautes trouvent cette proposition un peu trop « tiède », ils apporteront surement leurs remarques et arguments à leur tour, qui en décideront peut être d’autres (ou pas?) en leurs âmes et consciences, à utiliser un bout de scotch un peu plus contondant.
le mieux ça serait qu’on retire l’intégralité de notre compte en banque
(comme là déjà dis Cantonna)
Là, on serait à l’aube d’une vraie révolution dans notre Pays