Christiane Singer – La Transmission de l’Essentiel

• Qui est Christiane Singer? •
Romancière et essayiste au charisme étonnant, Christiane Singer place la dimension intérieure et spirituelle propre à chacun et l’éthique de soi au coeur de son oeuvre. Ses parents étant originaires d’Europe Centrale, elle vit en Suisse et en Allemagne avant de s’établir près de Vienne. Lectrice à l’Université de Bâle et chargée de cours à celle de Fribourg, Christiane Singer suit également l’enseignement de Graf Karlfried Dürckheim, un des disciples de Jung. De sensibilité chrétienne, elle se fait connaître dès l’âge de 22 ans avec son livre ‘Les Cahiers d’une hypocrite’ qui paraît en 1965. Auteur d’une vingtaine d’ouvrages, elle gagne le prix des libraires en 1978 pour ‘La Mort viennoise’ qui prend pour sujet la peste qui a ravagé Vienne en 1679. Le prix Camus récompense ‘Histoire d’âme’ en 1988 et ‘La Divine tragédie’ sorti en 2006 est salué par la critique. Atteinte d’un cancer qui lui ôtera la vie, Christiane Singer rédige le récit ‘Derniers fragments d’un long voyage’ qui, à travers la douloureuse épreuve de la maladie, conte un bouleversant hymne à la vie.
• Christiane Singer – La Transmission de l’Essentiel •
(Émission Racines du 13 mars 2005 sur la télévision suisse Tsr.ch)
Quelques Extraits
« je vois les générations comme une course de relais . On se passe les uns aux autres ce flambeau de la vie.
Dans ces années passées, il y a eu de graves démissions. C’est tellement poignant de voir des jeunes gens à qui personne n’a dit que la vie qui est en eux peut faire la différence sur cette terre.
Ce ne sont pas des contenus qu’il faut transmettre. Les Dieux se rient de nos théories. C’est une manière intense d’être . Ce qui manque le plus à notre vie d’aujourd’hui, c’est cette intensité surgie de l’intérieur. C’est dans la rencontre de personnes vivantes qu’on en donne le goût. Chacun est dans une telle richesse! Mais il faut que cette richesse soit réveillée. La transmission, c’est cette attention portée à un autre qui fait qu’en lui surgit le meilleur de lui-même.
Dans cette sinistrose générale à laquelle on assiste très souvent, il y a la nostalgie profonde d’une vie qui serait la vraie vie. Et cette vraie vie ne serait-elle pas l’immédiateté avec les êtres et avec les choses, plutôt que le détournement par le commentaire d’un autre?
La vie est tellement généreuse. On ne peut pas passer à côté de l’essentiel.
Nous sommes dans une société qui nous distrait en permanence de l’essentiel et de nous-même. Nous sommes « hors » de nous. Alors que cette richesse qui nous habite a besoin d’être reflétée dehors pour que nous reprenions contact avec elle. »
A la question « Pourquoi court-on tellement? »
« Parce que nous ne sommes pas mis en relation avec cette profondeur par le type d’éducation qui est le nôtre.
Une des souffrances les pires dans notre société, c’est la revendication et le larmoiement permanent. Rien ne nous est dû. Tout est cadeau.
L’organe de la gratitude a été mutilé dans notre modernité. Il faut le refaire surgir. Sinon nous sommes en permanence des affamés. »
Et sa conclusion:
« Ne soyez pas perdu dans la souffrance au premier degré mais dans l’attention de ce qui va se révéler derrière.S’aimer soi-même. C’est le plus difficile. Tant que nous ne somme pas en amour avec nous-même, nous sommes une fréquentation dangereuse pour les autres car nous cherchons sans cesse compensation dans la relation.
Inclinons-nous devant le mystère que nous abritons chacun.
Et enfin, sa dernière phrase: une citation d’un passage de l’ancien testament: » Je te remercie de cette merveille que je suis et que tu as crée »
(Retranscrit par Isabelle Deschard sur Fragments de Bien-Être)
• Leçon de chose
•
Décor : une fenêtre ouverte peut suffire – un banc de square, mieux encore : la forêt.
S’immobiliser. Stopper la toupie verbale qui entraîne notre esprit dans sa giration obsessionnelle.
Se taire passionnément. Et chaque fois qu’une association de pensées se faufile, s’immisce dans une fêlure de notre attention, la rejeter impitoyablement.
Ne rien faire, ne rien déranger.
Dériver.
Assise sur un rocher, je laisse le froid visiter l’épaisseur de mes jupes.
Me traversent le crissement et les bruits, l’odeur de la terre.
Suspension. Pointe aiguë. L’envie de crier.
Soudaineté de la perfection.
Je n’écoute pas. Les sons me recouvrent comme un lichen.
Je ne regarde pas. Les branches et leurs ombres poussent dans les yeux ouverts.
Je ne respire pas. Un souffle régulier m’habite et me scande.
Je ne flaire pas. Les odeurs m’enfouissent au ventre leurs rhizomes.
Absence et suspension.
Où allais-je chercher l’aventure. ?
Une escapade semblable permet au moins deux découvertes : en ne faisant rien, celui qui n’a rien fait a déjà fait beaucoup; et ce qu’il faut à l’homme pour aller au bout de ses rêves et de ses possibilités n’est rien d’autre que ce qu’il a déjà : son corps.
Dès lors, tout s’éclaire. Ce que la méditation a de si suspect pour l’ordre social et économique, c’est qu’elle nous apprend à nous mouvoir ailleurs, dans un univers dont les richesses innombrables échappent aux circuits monétaires et marchands.
Christiane Singer,
les âges de la vie, éditions Albin Michel, p. 25-27
• Petit Bonus •
A lire aussi…
★ L’enfantement, l’éros et la vieillesse (Propos recueillis par Patrice van Eersel pour la revue Clé)
★ Du bon usage des crises (Extrait d’une conférence prononcée le 15 juin 1991)
★ Sur Phytospiritualité (Textes, audios, vidéos, citations, etc… de ou sur Christiane Singer)
Ajouté le 6.04.2013 par Asokka :
• Passion – Hommage à Christiane Singer •
Je trouve ça beau et plein de sens !! cela me fait penser à Eckart Tolle.
La difficulté la plus grande c’est la rencontre de l’autre, donner de soi, et comme elle dit « Dans cette sinistrose générale à laquelle on assiste très souvent, il y a la nostalgie profonde d’une vie qui serait la vraie vie. Et cette vraie vie ne serait-elle pas l’immédiateté avec les êtres et avec les choses » est terriblement frustrant, car le sentiment de ne jamais y arriver, le sentir tellement c’est palpable mais de ne pas le faire est terrifiant.
L’ego est surpuissant.
J’aime profondément l’oeuvre et la sensibilité de Christiane Singer.
Elle a offert au monde un beau message d’amour et de joie.
Elle est pour moi l’un de ces écrivains de l’émerveillement, ceux qui gardent le coeur tendre et l’âme enfantine, comme Christian Bobin.
du Lao tzeu dans tout çà, et pas que, La Pensée se propage de générations en générations…vivante d’un éternel retour, à travers les ceusss que çà intéresse.
24-12-2012
Commentaire,
C ‘est clair,concis, très dense, grande profondeur de la
compréhension de l’être humain. Ce qui se dit n’est
Pas toujours évident,
Bonne continuitée à tous. Francois
[…] Source […]
[…] Christiane Singer – La Transmission de l’Essentiel […]
Rare est une parole qui parle; l’ écoute dédiée emplie le cœur des entendants.
juste merci de nous confondre avec tant de grâce oui réunissons notre polarité en cette Unité qui nous habite et que certain nome le divin en soi !
Mme Singer,
J’ai senti dans mon coeur « le bonheur « en regardant un individu…J’ai reçu!
Je marchais en pleine conscience et je reçus ce beau cadeau de vie.
Nous avons tant besoin de cette transmision de l’être ; je le cherche partout…
Merci de me dire (par votre vidéo)que je ne suis pas « anormale » mais tout à fait l’inverse.
J’aimerais tant vous lire mais à Québec, je ne trouve pas « La transmission de l’Essentiel ».
Merci pour la vie! Jeanne
[…] Christiane Singer – La Transmission de l'Essentiel | Les Insoumis […]
Bonjour, je suis à la recherche du numéro de la page de la citation suivante de Ch SINGER:
« Comment pourrais-je exprimer le pire ? Le pire, c’est bel et bien d’avoir traversé la vie sans naufrages, d’être resté à la surface des choses… La crise sert en quelque sorte de bélier pour enfoncer les portes de ces forteresses où nous nous tenons murés, avec tout l’arsenal de notre personnalité, tout ce que nous croyons être » (C. Singer, Du bon usage des crises, p. PAGE)
Par avance soyez chaleureusement remercié(e),
Bien cordialement
V HEULIN
J’ai l’impression que cette femme est la femme idéale, lorsque je l’écoute, je suis tout de suite amoureux d’elle, je me dis que c’est elle , c’est elle que j’aurais du rencontrer dans ma vie. elle est une sage. Elle prouve à tous que le bonheur existe, que des dimensions s’ouvrent à nous, elle montre que la peur est une illusion. Edgar Morin tient les mêmes propos d’intelligence, de pertinence. Nous avons besoin d’eux pour éclairer nos routes ou retrouver le chemin….
[…] promesse tenue, l’engagement honoré dans la traversée sans feinte d’une vie d’humain ». Christiane Singer « éloge de l’engagement et autre folies […]