David Myriam, quand le sable s’engage

Auteur, réalisateur, virtuose en animation de sable, créateur d’« œuvres dérangeantes, satyriques, avec de l’humour noir et même de la poésie », David Myriam est un artiste « engagé » qui « croit en l’utopie d’une véritable société humaine ».

« Artiste engagé(e), ça signifie quoi ?
C’est un artiste militant qui porte un regard critique sur le monde, qui veut dire des choses, dont l’œuvre est imprégnée, consciemment ou pas, d’une certaine vision politique. Ca s’oppose aux créations-marchandises qui visent à distraire avec des futilités superficielles, à abêtir, domestiquer et abaisser les artistes et le public.
Maintenant, il peut exister des œuvres artistiques tout à fait valables, qui parlent de la beauté du monde, de son mystère, qui veulent faire rire et rêver, mais ce ne sont pas des créations engagées, ou alors sous une autre forme, plus indirecte.
On pourrait dire que l’artiste engagée utilise les mots, les images, etc. à la place des armes et des coups de poing pour inciter à la révolution en évoquant l’utopie et en démontant les barbaries.
J’ai pris l’expression « artiste engagé » parce qu’il fallait bien choisir des mots qui parlent aux gens (à présent, je regrette un peu d’ailleurs d’avoir choisi comme nom de domaine « art-engage.net », un nom plus neutre aurait été mieux), mais ce n’est pas une profession ou un label.
N’empêche que je vois mal comment on peut être un artiste dans le monde actuel sans être engagé d’une manière ou d’une autre. En fait ça vaut pour n’importe quel être humain, mais c’est encore plus important à mon avis pour une artiste vu que son objectif est de tenir un « discours » sur le monde. »
« Tes œuvres sont souvent très noires, très pessimistes, pourquoi ?
Le monde dans lequel on survit n’est pas très joyeux, je ne fais que refléter la réalité et les suites probables si les données actuelles ne changent pas. Endormir les gens avec des mensonges ou des distractions superficielles ne m’intéresse pas. Je souhaite au contraire les réveiller, les soumettre à des sortes d’électrochocs qui peuvent les inciter à sortir de leur léthargie. J’essaye de jouer le rôle de catalyseur qu’ont pu jouer pour moi certaines œuvres : livres, films, BD… Mais je ne me fais pas d’illusions, la réaction ne peut marcher que si les réactifs sont déjà présents dans la tête des personnes et si elles veulent bien les laisser libres de jouer.
Cela dit, je crois en l’utopie d’une véritable société humaine, sinon à quoi bon dénoncer les barbaries actuelles ? Et un jour ou l’autre, je parlerai de cette utopie plus précisément dans mes créations. Après la critique et la démolition, il faut aussi proposer une voie de reconstruction. »
« Passons à un sujet moins grave. Tu parles parfois au féminin, et ton pseudo comporte un prénom de chaque sexe. Alors : femme ou homme ?
Ni l’une ni l’autre. Non, je ne suis pas une mutante hermaphrodite ou un transsexuel, je veux juste dire que je refuse d’être une femme ou un homme, je veux être un être humain à part entière, pas une moitié d’humain, pas une sorte de caricature qui recopie les habitudes de séparation réductives polarisées par des genres (voir par exemple le poème Ni blanche ni noir, les couleurs de peau (racisme) ou les espèces (spécisme).
Sur un plan biologique, je suis un mâle tout ce qu’il y a de plus standard, mais je ne veux pas être un homme, ni une femme non plus, que ce soit dans ma tête, dans mes activités ou dans mes relations. Notre identité humaine est bien plus complexe que ces catégorisations stupides homme/femme, homo/hétéro, etc. On devrait se moquer complètement de savoir si une personne à une queue ou un vagin, des grands pieds ou les cheveux noirs, c’est comparable à la couleur de la peau : sans importance particulière, juste des éléments d’une personne unique, évolutive et complexe.
Cette mutilation criminelle, qui oblige chacune à choisir son « camp » depuis l’enfance, avec l’aide implacable du langage et de la pression sociale (famille, école, médias..), est un genre de violence grave et pernicieuse, et c’est une des racines sur laquelle s’appuie la violence sociale générale.
C’est aussi pourquoi ce sujet me passionne. J’ai donc choisi d’afficher cette ambivalence et ce refus dans mon pseudo. D’autre part, ça m’a permis d’évacuer mon nom de famille au passage, auquel je ne tiens pas. »

Présentation du Sable en Mouvement :

(sur la production et la consommation de foie gras)

Synopsis :
« Plus de mares ni d’herbes sauvages, place aux cages métalliques, aux tubes et aux néons, place aux chaînes mécaniques et au maïs en surdose, aux décharges électriques et aux couteaux tranchants… »


Poème « Sans attendre » :



« Changer de vie avant de se perdre, sans attendre le plomb et le sang »

« Tant de vies qui coulent qui s’écoulent
goutte à goutte
qui se noient
coûte que coûte
tant de vies qui se foulent
qui s’écrasent
au pied
qui se perdent dans la foule
tant de vies sans houle
plates et rondes
serrées en boules
vidées
tant de vies dans la norme
uniformes
incrustées dans les moules
ballottées aux courants
tant de vies qui se coulent
lestées d’armées de plomb
qui se foudroient
qui s’écroulent
noyées d’années de sang
jusqu’à toucher le fond
tant de vies qui dansent
au bout d’une corde
pendues à tant d’errances
Vies d’illusions
aux cous de hordes
perdues pour l’évolution

Assez ! »

Film « Do you mind ? »

(Film d’animation de sable sur une musique de M. Lozinguez)

Synopsis :

« Une jeune fille essaie de s’échapper par le rêve de son monde en forme de prison. Son seul interlocuteur est un robot. Les enfants du futur auront-t-ils encore des rêves assez puissants pour s’extraire d’un univers robotisé, froid et fonctionnel? »


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6 Commentaires

  1. Foiadelli dit :

    bonjour viens découvrir votre site et votre existence
    je soutiens toute démarche dénoncant la dèsinformation
    je suis Michemiche artiste one man show à l’humour décalé
    artiste engagé
    n’hésitez pas à me contacter sur mon mail pour actions communes
    extrait ma vidéo sur http://www.talentzapping.com/michemiche
    Michemiche

  2. nacera dit :

    quand le sable s’engage le coeur s’exprime et les mains pratique les yeux devore

  3. KeïKo dit :

    > 18 décembre 2010 : Performances pour la fête de l’Image et de la Lumière, au théâtre de la Ville, en soirée.

    Plusieurs spectacles de dessin en direct sur sable par David Myriam seront présentés, avec des arrangements inédits.

  4. Laura dit :

    Pourquoi avez-vous choisis le sable comme expression artistique ? et est-ce que cela était aussi un choix d’engagement ?

  5. KeïKo dit :

    Rezign Live, film expérimental, transcription du spectacle « Rezign Live » joué à Valence le 18 décembre 2010

    « Le thème est l’autodestruction des hommes, sur fond de catastrophes climatiques et autres désastres écologiques. Une possible fin du monde… »

    > http://www.art-engage.net/Rezign-Live-film-experimental.html

    @ Laura : Tu pourras poser tes questions à l’artiste lui-même ici 😉

  6. 1011 dit :

    Merci pour votre article et la qualité de votre interview à David Myriam dont je connaissais si peu le travail.
    Plasticienne engagée, je réalise des oeuvres sur des sujets d’histoire et d’actualité. J’ai pu présenter trois séries à 400 lycéens pour la Journée des Femmes 2018. Le dialogue fut incroyable avec des élèves qui découvraient l’art impliqué.
    Quand l’art permet de parler directement et d’ouvrir le débat et l’interrogation.
    A découvrir : https://1011-art.blogspot.fr

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