De la Peur à la Joie

La peur freine l’humanité. Si l’on analyse les mécanismes de la violence ou de l’injustice, on trouve toujours un noyau de peur, bien enraciné, mais aussi légitimé, banalisé, qui fait que l’on (se) permet d’adopter des comportements offensifs, rigides et violents. Ce comportement se perpétue : ainsi, celui qui a subi la violence et ne se questionne pas, fait subir la violence. Et la peur poursuit son chemin, de génération en génération. Et elle ne mène à rien de constructif…
Peur de la mort, liée à un gouffre spirituel et métaphysique, mais aussi peur de vivre. Peur de manquer, peur de souffrir, peur d’aimer, peur d’être Soi.
Ainsi, la peur gouverne la société, prenant racine au sein de la famille et de l’éducation. Elle nous gouverne, dicte nos comportements, et nous nous sentons victimes. Alors, lorsque nous en avons l’occasion, pour nous affirmer un peu, ou pour nous venger – consciemment ou pas – nous devenons à notre tour plus ou moins bourreau. Nous croyons alors qu’en faisant usage de la force, en obligeant l’autre à nous obéir ou à être d’accord avec nous, « pour son bien », nous gardons le contrôle, nous maîtrisons la situation.
Or, la Vie – dont les enfants sont les dignes représentants – est un joyeux désordre ! La vie ne peut être asservie, forcée, rangée. Elle s’écoule, s’échappe, folle, libre et heureuse. Il n’y a pas à avoir peur, il y a à avoir confiance! Quitter ses peurs revient à être créatif, à se réaliser, à vivre pleinement, à être heureux!
Alors, nous, adultes autrefois éduqués dans la peur, guérissons nos blessures d’enfant, gagnons ainsi notre liberté (et responsabilité), osons dire oui à la vie, osons être nous, osons nous épanouir. Soyons un bel exemple pour nous enfants, dont le message essentiel sera « Sois-toi, épanouis-toi, je te respecte, je t’accompagne, je t’aimerai toujours. Va dans le monde rayonner les belles qualités de ton être. Je suis heureux(se), quoiqu’il arrive ».
Voilà pourquoi je ne souhaite pas inculquer la peur à mon enfant, voilà pourquoi il est essentiel de vivre les principes d’une éducation éthique, respectueuse, bienveillante, confiante, qui insufflerait et nourrirait la Joie par tous les moyens.
C’est la promesse d’un monde à venir.
[…] … prenant racine au sein de la famille et de l'éducation. Elle nous gouverne, dicte nos comportements, et nous nous sentons victimes. Alors, lorsque nous en avons l'occasion, pour nous affirmer un peu, ou pour nous venger – consciemment … […]
[…] … prenant racine au sein de la famille et de l'éducation. Elle nous gouverne, dicte nos comportements, et nous nous sentons victimes. Alors, lorsque nous en avons l'occasion, pour nous affirmer un peu, ou pour nous venger – consciemment … […]
L’école Steiner-Waldorf, l’école du Colibri « les Amanins », les écoles Montessori, l’école Maharishi de Skelmersdale (reconnue comme une des meilleures écoles d’Angleterre et pionnière de l’Education Fondée sur la Conscience en Europe), … et j’en passe. Ces systèmes d’éducation alternatifs font un travail colossal pour l’écologie, la paix, dans les quartiers et dans le monde, le bonheur, l’épanouissement, la créativité, vers la réalisation des utopies. Ils doivent être soutenus. Je me demande si s’y intéresser et les favoriser ne change pas plus le monde que les manifestations et les contestations. Peut être faut il les deux. Mais si on n’assure pas le progrès, les choses resteront comme elles sont. Cela bouge un peu et la peur commence à partir.
Oui, la peur est le nerf de la guerre et du capitalisme. Peur de ne pas manger, de ne pas boire. Peur de ne pas avoir ou de perdre son travail. L’horreur économique (Viviane Forester) est basée sur la peur. L’Ancien Testament entretient la peur de Dieu à longueur de pages. Et dans l’obscurité de la forêt, la nuit, le loup est tapi, n’est-ce pas? Alors on a peur du noir. Et bien sûr, de l’obscurité à la mort il n’y a qu’un pas que toutes les religions ont franchi pour cultiver la peur de l’au-delà. Stratagème grossier pour établir leur domination sur les esprits fragiles. Et pourtant le chemin de la lumière est facile à trouver. Les sages Athéniens nous ont transmis leur sagesse. Qu’en avons-nous fait?
Epicure nous dit, par exemple que le dieu n’est pas à craindre (il a autre chose à faire que de s’occuper des humains, notre monde n’est pas de la même nature que le sien), que la mort n’est pas un souci (avant, elle n’y est pas; après nous n’y sommes plus); que le bien est facile à obtenir tandis que le mal est facile à éviter. Ainsi on se dispose à éviter de souffrir pour accéder au bien être, puis à la joie. Loin de nous toute cette apologie de la souffrance judéo-chrétienne garante de notre rédemption. Aristote, lui, nous exhorte à cultiver l’Amitié comme le plus haut développement de la nature humaine, et le rire comme voie royale vers la joie. Celle-ci étant la meilleure expression de notre reconnaissance envers la Vie. Ici et maintenant, le bonheur est possible, en considérant l’autre comme un ami potentiel et en privilégiant la joie envers et contre tout comme expression-même de la Vie qui nous anime. Seule la joie de vivre nous donne la force de faire le deuil du jour qui s’en va. Autant dire que seul le soleil levant nous console de sa disparition d’hier et de celle à venir. Chaque jour une peur à vaincre et chaque jour un deuil à faire. Les deux sont liés, car au fond toutes les peurs et tous les deuils se rejoignent à l’infini, dans l’éternité qui nous précédait et nous succédera. La Mort est au coeur de la vie, alors, de quoi et pourquoi avoir peur?
Oui, le contraire de la peur, c’est la joie. Le contraire de la peur de la mort, c’est la Joie de Vivre.