Quand la Violence Policière a Peur de la Solidarité

C’est donc la violence policière qui a peur de la solidarité au point de demander expressément à son maître de donner des suites à cette « affaire » d’appel à l’entraide? Pourtant comme le rappelle Alessi Dell’Umbria* dans Villiers-le-Bel : Le procès d’une révolte, » (…)Deux adolescents sont morts à Villiers-le-Bel, le 25 novembre 2007, suite à un shooting, pratique responsable de nombreux autres décès qualifiés d’accidentels. Quatre personnes vont être jugées, le 21 juin 2010, sur la base d’un témoignage sous X rétribué. Deux procédures d’exception, l’une policière, l’autre judiciaire.(…) »
Le régime sarkozyste n’a pas attendu la lettre d’un syndicat pour disloquer tous les gestes de solidarité afin d’isoler chaque mouvement de contestation, ou pour décider de s’en prendre à une partie de la population par idéologie. Mathieu Rigouste* dans sa dernière tribune nous en apporte une illustration : « Cette année, de Villiers-le-Bel à Tremblay en France, des stratégies d’occupation du territoire et de quadrillage militaro-policier ont fait face à des révoltes populaires. Là aussi, les médias dominants jouent un rôle fondamental pour présenter les principales victimes de la domination capitaliste comme les responsables du racisme, de la violence policière et de la misère.(…)Là comme ailleurs, lorsque le système sécuritaire fait face à des oppositions, des pratiques d’entraide et d’autonomie, il redéploie le répertoire de la contre-insurrection. Les différentes formes de la férocité policière dérivent bien d’un même système de domination. Celui-ci tient en divisant les forces qui lui résistent.(…) »
Ci dessous, nous reproduisons ce texte de présentation du site du comité de soutien aux inculpés de Villiers-le-Bel, pour que cet appel se retrouve sur un maximum de gazettes imprimées par vos soins, qu’il puisse passer dans le plus de mains possibles. Le 21 juin, ce procès ne doit pas passer inaperçu.
LIBÉRONS LES INCULPÉS DE VILLIERS-LE-BEL
Villiers-le-Bel. 25 novembre 2007. Lakhamy et Moushin, 16 et 15 ans, meurent renversés par une patrouille de police. Il ne faudra que quelques heures pour que des centaines de CRS et gardes mobiles envahissent préventivement le quartier. Le harcèlement s’ajoute à la blessure. Villiers-le-Bel explose. Il est de ces deuils que la simple colère n’assouvit pas. Pendant deux nuits, la police est tenue en échec. Trois mois plus tard c’est la vengeance de l’ État qui revient sans frapper. 1500 policiers et des dizaines de journalistes viennent arrêter une trentaine d’émeutiers présumés. À partir de quelles preuves? Juste quelques témoignages, certains extorqués en garde à vue, la plupart venant de délateurs anonymes et officiellement payés par la police. Au printemps, les premiers inculpés ont écopé de trois ans de prison ferme pour « jet de pierre ». Le 21 juin prochain, ce sera aux quatre derniers inculpés de subir cette terrifiante mascarade. Cela fait déjà deux ans qu’ils attendent leur procès en prison. Les délateurs les ont désignés comme tireurs. Ce sera l’occasion pour l’Etat de mettre en scène sa misérable vengeance même si cela va briser la vie de quatre « jeunes » à la place desquels on aurait pu mettre n’importe quels autres. Le scénario est déjà écrit : venant de la police et de la justice nous savons à quoi nous en tenir.
Les émeutes de Villiers-le-Bel, ce n’était pas quatre jeunes pris au hasard qui ont tiré à la chevrotine en direction de la police. Villiers-le-bel, du 25 au 27 novembre 2007, c’est une ville qui s’est soulevée, un moment de l’histoire. C’est une jeunesse qui comme à tant d’époque, dans tant d’autres lieues s’est révoltée face à la police, face au pouvoir. C’est ce même courage qu’il faut trouver pour ne pas laisser nos amis, nos frères, croupir le reste de leur jeunesse en prison. C’est la même solidarité qu’il faut opposer à un pouvoir qui tente de les enterrer et de nous écraser.
Du 9 mai au 19 juin, tournée de soutien dans toute la France : concerts,projections,discussions…
Le 19 juin 15 H Manifestation de soutien à Pontoise.
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Plus d’infos sur le reste du site « Soutien aux inculpés de Villiers-le-Bel »
*Alessi Dell’Umbria est écrivain. Il est notamment l’auteur de C’est de la racaille ? Eh bien, j’en suis ! À propos de la révolte de l’automne 2005 aux éditions L’Échappée ainsi que de Histoire universelle de Marseille : De l’an mil à l’an deux mille aux éditions Agone.
*Mathieu Rigouste est Docteur en socio-histoire, chercheur à l’université Paris 8 Saint-Denis, il est également l’auteur de L’ennemi intérieur. La généalogie coloniale et militaire de l’ordre sécuritaire dans la France contemporaine, La Découverte, 2009.
(Article paru dans la Gazette des Insoumis n°6)